Cela devait être le grand rendez-vous de l'extrême droite catholique. Annoncée il y a trois mois par l'institut Civitas, mouvement intégriste proche de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, la "grande manifestation nationale" du dimanche 18 novembre à Paris, a réuni plusieurs milliers de personnes. Une mobilisation, certes importante, mais bien en deçà de celle des manifestation de la veille, appelées par une dizaine d'associations, moins marquées politiquement et qui bénéficiaient du soutien tacite des autorités catholiques. En effet, les manifs du samedi avaient, entre autres, pour but de ne pas laisser le champ libre à Civitas. Sur ce point, elles ont parfaitement rempli leur rôle.
Le défilé de Civitas "contre l'homofolie" s'est ainsi résumé à une grande réunion des familles de l'extrême droite. De l'Action Française au Mouvement national républicain (MNR, ex formation de Bruno Mégret) en passant le Parti de la France de Carl Lang, le Renouveau Français, de la Renaissance catholique, l'Alliance Royaliste ou encore de quelques militants du GUD. L'on remarquait aussi le chanteur du groupe de rock Hotel Stella, membre du Bloc identitaire. Il y avait aussi un petit cortège d'une vingtaine de personnes des Jeunesses nationalistes qui dénotaient fortement avec leur look skinhead du reste des manifestants.
Plus surprenant, plusieurs personnalités du FN avaient fait le déplacement "à titre personnel". Comme la vice-présidente du FN Marie-Christine Arnautu, Alexandre Simonnot, Cyril Bozonnet et Jean-Marc de Lacoste-Reymondie, Gonzague Malherbe ancien candidat à la législative de la 12e circonscription de Gironde ainsi que quelques militants FNJ franciliens. Selon Mme Arnautu, Bruno Gollnisch et Gilbert Collard devaient aussi venir. Marine Le Pen n'a pas souhaité que le FN appelle en tant que tel à participer aux manifestations anti-mariage homosexuel. Elle a en revanche laissé la liberté à ses militants d'y aller ou pas.
M. Gollnisch avait déjà fait la manifestation du samedi, où s'étaient signalés plusieurs élus parisiens de l'UMP comme Bernard Debré ou Claude Goasguen. Le député du Vaucluse Jacques Bompard a lui aussi fait les deux manifestations. Il était dimanche en tête du cortège.
Incidents
Les manifestants ont défilé aux abords du ministère de la famille dans le 7e arrondissement de Paris, scandant notamment: "Première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d'hétéros"; "La France veut du boulot, pas le mariage homo" et "Hollande, entends-tu la France est dans la rue".
En marge de la manifestation de dimanche, des incidents ont eu lieu. Des militantes du mouvement féministe ukrainien Femen et des journalistes, parmi lesquels Caroline Fourest, ont été pris à partie et certains "roués de coups" lors de cette manifestation. "Une dizaine de militantes des Femen avaient décidé de faire une protestation pacifique et drôle, d'arriver habillées en nonnes avec des slogans humoristiques, et quand elles se sont avancées vers les manifestants, des types les ont pris en chasse, déchainés", a raconté Mme Fourest. "Les filles ont pris des coups dans toutes les parties du corps", ainsi que des journalistes qui les avaient filmées. Des photographes ont été "molestés", a également rapporté un photographe de l'AFP.
Le bilan pour Civitas dimanche soir est donc mitigé. Ses membres ont consacré beaucoup de moyens financiers (1 millions de tracts imprimés) pour organiser une démonstration de force qui n'a pas eu lieu. C'est donc une occasion ratée pour la direction remaniée du mouvement intégriste, de marquer son arrivée avec un succès.
En effet, Jean-Claude Philipot, ex commissaire général de l'armée de terre a été promu n°2. M. Philipot, il y a quelques années, était délégué général de Dies Irae, petite formation d'extrême droite catholique girondine dont les méthodes militarisantes connurent un certain succès médiatique. L'ancien officier d'Etat major, Dominique Chrissement a pris la direction de la revue de Civitas. Il était auparavant secrétaire général du mouvement.
Alain Escada, quant à lui, est devenu président de Civitas, remplaçant le très âgé amiral François de Penfentenyo. M. Escada résume son parcours ainsi: "Né à Bruxelles, c'est là que j'ai commencé à militer. J'ai eu le privilège, très jeune, d'être formé par le Lieutenant-Général Emile Janssens, dernier commandant en chef de l'armée coloniale belge puis rédacteur auprès de nombreuses publications catholiques en Europe et qui avait connu des personnalités comme Mgr Lefebvre [évêque schismatique, fondateur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. NDLR] et Salazar [ancien dictateur portugais. NDLR]."
Il faut préciser que Civitas privilégie deux canaux de recrutement : les militaires de haut rang, comme on vient de le voir, et les chefs d'entreprise.
Nous connaissons quelques personnes citées dans l'article...comme d'autres en lien sur la région de Dinan/ St Malo
le premier...Jean-Marc de Lacoste-Reymondie: nous connaissons les liens "familiaux" entre ce représentant FN, Dominique Chrissement et le candidat FN de Mellon aux dernières législatives à Dinan
le second Un plan de sauvegarde pour pallier toute catastrophe - Plélan-le-Petit
vendredi 28 janvier 2011(ouest France)
Au travers d'un document de 67 pages, le plan communal de sauvegarde (PCS) est désormais écrit et opérationnel. Il est le résultat d'un travail mené par le général Dominique Chrissement, militaire à la retraite, en collaboration avec le maire Didier Miriel et une délégation d'élus...
25 sept. 2010 ..... L'amiral François de PENFENTENYO
extrait "le télégramme"
www.letelegramme.com/.../mariage-gay-des-heurts-en-marge-de-la-
Mariage gay. Des heurts en marge de la manifestation Civitas
18 novembre 2012 à 17h55
Najat Vallaud-Belkacem, la ministre des droits des femmes, a, pour sa part, qualifié de "dérapage" le slogan "non à l'homofolie" de l'Institut Civitas.
Tensions en marge du rassemblement
La manifestation devait débuter devant le ministère de la Famille et se dirigera vers l'Assemblée nationale. Une trentaine de cars de province grossiront les rangs du cortège, qui défilera aux cris de "oui à la famille, non à l'homofolie".
Les manifestants se sont rassemblés peu avant 14 h 30, derrière une large banderole sur laquelle était écrit "Un papa, une maman, pour tous les enfants".
En marge du défilé, la situation s'est envenimée, rapporte FTVi. Les militantes féministes Femen ont été accueillies par des coups , et la journaliste militante Caroline Fourest a également été passée à tabac. Les CRS ont dû intervenir.
La police a procédé à cinq interpellations parmi les agresseurs, a précisé la préfecture de police.
"Une dizaine de militantes des Femen avaient décidé de faire une protestation pacifique et drôle, d'arriver habillées en nonnes avec des slogans humoristiques, et quand elles se sont avancées vers les manifestants, des types les ont pris en chasse, déchainés", a raconté la journaliste et essayiste Caroline Fourest.
"Les filles ont pris des coups dans toutes les parties du corps", ainsi que des journalistes qui les avaient filmées, a-t-elle ajouté par téléphone depuis un fourgon de police.
Des photographes ont été "molestés", a également rapporté un photographe de l'AFP.
Les "échauffourées" ont éclaté en début de manifestation et "les forces de l'ordre sont intervenues très rapidement pour écarter et protéger les contre-manifestants", a ajouté la préfecture de police, précisant que la contre-manifestation organisée par "un petit groupe de femmes" n'avait pas été déclarée préalablement aux autorités.
"J'ai été tabassée d'abord parce que je filmais, ils m'ont mise à terre, mon bonnet est tombé, là ils m'ont reconnue et ils m'ont poursuivie, insultée et retabassée", a relaté Mme Fourest, disant avoir "pris des coups dans les côtes, dans le genou et dans le poignet".
"Des dérives comme l'inceste"
Parmi les manifestants figuraient de nombreux jeunes gens, certains en soutane, mais aussi des retraités et des familles, brandissant pour certains des drapeaux bleu-blanc-rouge, des croix chrétiennes ou des banderoles siglées
de fleurs de lys.
Bertrand de la Buharaye, un retraité venu de Dinan (Côtes d'Armor) à bord d'un bus affrété par Civitas, s'inquiète: "Un enfant ne peut pas s'épanouir normalement s'il n'a pas un père et une mère, c'est contre-nature". Il dit redouter des "dérives comme l'inceste".
Un Parisien quadragénaire, Patrice Garande, s'est rendu à la manifestation "parce que nous croyons en Dieu et que Dieu nous a demandé de ne pas s'adonner à ce genre de pratiques (l'homosexualité)". "Le monde entier est malade, il a besoin de l'Esprit sain", selon lui.
Une dame d'origine polonaise, 60 ans, se présentant comme docteur en sciences, tient à la main une statuette de la vierge Marie: "La femme a été créée pour mettre les enfants au monde, ça ne peut pas être autrement".
Un "mauvais penchant qui nécessite d'être corrigé"
Pour le chef de Civitas, Alain Escada, l'homosexualité est un "mauvais penchant qui nécessite d'être corrigé et une personne qui a de tels penchants devrait être abstinente".
source internet: nous savons que....
7 juil. 2012 – Jeudi 5 juillet, Bertrand de La Buharaye, Président du Cercle Légitimiste Chateaubriand, avait donné rendez-vous pour la réunion de la....
Des journalistes et des contre-manifestants violentés à Paris le 18/11/2012
Des militantes du mouvement féministe ukrainien Femen et des journalistes, parmi lesquels Caroline Fourest, journaliste et blogueuse pour Le HuffPost, ont été pris à partie et certains "roués de coups" à la manifestation organisée dimanche par l'institut Civitas contre le mariage gay
REACTIONS? Source afp
Le gouvernement n'aura "aucune tolérance" à l'égard des violences de l'extrême droite, a prévenu dimanche sa porte-parole, Najat Vallaud-Belkacem, après l'agression de journalistes et de militantes féministes à la manifestation organisée par Civitas contre le mariage d'homosexuels. Plusieurs personnalités ont réclamé l'interdiction de l'Institut Civitas, d'autres celle du GUD, groupuscule d'extrême droite. "Il n'y a aucune place pour les agressions d'extrême droite dans notre pays", a réagi la porte-parole. "Le gouvernement n'aura aucune tolérance à l'égard de ces violences et de tous les dérapages qui y sont associés. La liberté d'informer n'est pas un principe avec lequel on peut transiger", a-t-elle ajouté en se déclarant "profondément choquée" par cette agression.
"Dès demain, je demande au ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, la dissolution de l'Institut Civitas", a annoncé la députée PS de l'Hérault Anne-Yvonne Le Dain. "Avec les excès pathétiques de cette manifestation, avec violences et coups, je souligne que ces gens qui prétendent défendre les valeurs du christianisme ont fait sauter sans honte ni vergogne un principe de base des sociétés humaines, qui est qu'un homme ne frappe pas une femme", a-t-elle poursuivi.
"Le vrai visage de l'extrême droite" (Jeunes Socialistes)
Eddie Aït, secrétaire national du PRG, a également réclamé la dissolution de Civitas, affirmant que cette agression "l'inquiét[ait] au plus haut point". "Le mouvement Civitas doit être dissous comme la loi l'autorise", a-t-il souligné.
Pour sa part, "horrifié" par l'agression, le Mouvement des jeunes socialistes a appelé "à la dissolution" du GUD à qui il attribue l'agression. "Ceux qui ne connaissaient pas le vrai visage de l'extrême droite française l'ont découvert aujourd'hui avec la honteuse agression dont ont été victimes des militantes féministes du mouvement Femen ainsi que des journalistes, notamment Caroline Fourest", a-t-il poursuivi, dans un communiqué. "Le GUD, groupe union défense, proche du Front national et connu pour ses actions ultra-violentes, n'hésite pas à ajouter la brutalité physique à l'homophobie, l'intolérance et la haine des intégristes de Civitas", a-t-il ajouté. "De tels agissements ne sauraient être tolérés. [...] En conséquence, les Jeunes Socialistes appellent à la dissolution du GUD et à la condamnation des personnes impliquées dans ces violences", selon le MJS. "Je condamne fermement la lâche agression dont a été victime Caroline Fourest en marge de la manifestation Civitas et lui témoigne mon soutien contre la violence obscurantiste et imbécile", avait réagi le premier secrétaire du PS, Harlem Désir.
Le chef de file des députés socialistes, Bruno Le Roux a dit avoir vu dans les manifestations de dimanche "des débordements inadmissibles".
19/11/2012 20:03
Article sur Tetu.com :
http://www.tetu.com/actualites/france/t … inte-22546
Suite au passage a tabac du Groupe Féministe des ''Femen''
et de la Journaliste Caroline FOUREST,
Lors de la manifestation anti mariage et adoption homos
Du Dimanche 18 Novembre à Paris, organisé par le Groupe Catholique CIVITAS,
Une Pétition circule pour demander au Ministre Manuel VALLS
La Dissolution de CIVITAS...
La journaliste et essayiste Caroline Fourest a annoncé lundi qu'elle avait porté plainte après avoir été agressée dimanche lors de la manifestation à Paris contre le mariage gay. Des militantes du mouvement féministe ukrainien Femen ont fait de même. ( source TF1)
Six députés PS demandent la dissolution de Civitas
Des personnalités politiques veulent elles aller encore plus loin, en demandant la dissolution pure et simple de l'organisation. Six députés PS réclament dans un courrier adressé à Manuel Valls la "dissolution immédiate" de l'Institut Civitas : Patrick Mennucci, Yann Galut, Jérôme Guedj, Sébastien Denaja, Nicolas Bays et Anne-Yvonne Le Dain.
Ils ont écrit à Manuel Valls. Après les débordements de la manifestation organisée dimanche par l’Institut Civitas contre le mariage homosexuel, six parlementaires PS dont Patrick Mennucci ont réclamé hier auprès du ministre de l’Intérieur la dissolution de ce mouvement. Pour le député des Bouches-du-Rhône, cet épisode est «révoltant».
Pourquoi voulez-vous la dissolution de l’Institut Civitas ?
La manifestation de dimanche était une provocation absolue. Ce qui s’est passé, cette violence avec les femmes de Femen est invraisemblable. On voit des types leur mettre des coups de pied, des coups de poing. C’est révoltant d’autant qu’on voit un abbé regarder ça sans aucune espèce de charité chrétienne. On a affaire à un groupuscule d’extrême-droite dont il faut se débarrasser.
Selon vous, Civitas est responsable des débordements ?
Je ne sais pas si l’organisation est à l’origine de ce qui est arrivé mais j’accuse Civitas d’utiliser des services d’ordre qui eux, sont responsables. Je connais assez les organisations de manifestation pour savoir que celui qui organise la manifestation choisit son service d’ordre. Nous avons pris une position, maintenant, c’est au ministre de l’Intérieur d’instruire.
Etes-vous également choqué par les slogans de la manifestation ?
Les mots d’ordre sont excessifs. Je comprends parfaitement qu’on puisse être opposé au mariage entre personnes du même sexe, je reconnais qu’il peut y avoir des questions mais en aucun cas on peut le faire de cette façon. J’ai vu des slogans extrêmement agressifs à l’égard des homosexuels ; ils sont très violents. Mais dans notre pays, c’est d’abord la violence physique qui est sanctionnée.
Est-ce une initiative réfléchie de longue date ?
Pas du tout. Nous connaissons Civitas et ses positions mais on n’était pas sur une telle idée. Aujourd’hui, on voit qu’à l’agression verbale et intellectuelle s’ajoute une violence physique qui peut être un délit. Pour dissoudre un mouvement, ce qui compte, c’est sa dangerosité. Je pense que dimanche, Civitas a montré la sienne.
Comment vous êtes-vous associé avec d’autres parlementaires ?
Par tweet ! C’est moi qui le premier, dimanche, a proposé la dissolution. Aussitôt, plusieurs parlementaires ont approuvé cette proposition et c’est Yann Galut (député du Cher, ndlr) qui a rédigé la lettre. Elle est partie hier matin je crois au ministère de l’Intérieur. Nous verrons demain (aujourd’hui) si Manuel Valls l’a reçue.
Auteur Direct Matin
Le groupe catholique accuse les militantes féministes de violences et voies de fait (source le parisien)
L’Institut Civitas, organisateur d’une manifestation dimanche à Paris contre le mariage homosexuel, a annoncé mardi son intention de porter plainte contre les militantes du mouvement féministe Femen, notamment pour «violences en réunion et avec armes» et «violences et voies de fait».
Alain Escada, président de Civitas, proche des catholiques intégristes, s’insurge dans un communiqué de presse contre la «désinformation institutionnelle sur les dérapages en marge de la manifestation de Civitas, alors que près de 20 000 personnes de tous horizons ont manifesté dans le calme, la sérénité et la bonne humeur».
Nous savons que le président de Civitas est déjà intervenu dans la région
A l’initiative du Prieuré de Lanvallay et de l’institut Civitas une réunion se tiendra le lundi 19 octobre à 20 heures à la salle des fêtes de Lanvallay
pour lancer officiellement cette mobilisation et préciser les étapes de
cette démarche. Cette action doit aboutir à dissuader les maires de
lancer la procédure qui autoriserait les commerces de leur commune à
ouvrir le dimanche.
Interviendront à cette réunion :
- Alain Escada, secrétaire général de l’Institut Civitas ....
Enquête Lefebvristes, membres de Civitas ou de la Fraternité Saint-Pie X… Les nouveaux croisés ultracatholiques battent le pavé dans la France entière. Rencontre avec un de leurs chefs spirituels, Alain Escada.
Pour lui, c’est la «reconquista» qui commence. Flanqué de ses deux abbés en soutane, Alain Escada est en croisade. Devant les théâtres à la tête de ses troupes, sur les plateaux télé, dans les studios de radio, il pourfend depuis deux mois, la christianophobie des pièces de Roberto Castellucci, Sur le concept du visage du fils de Dieu et de Rodrigo Garcia, Golgota Picnic. En avril, à Avignon, il avait déjà rôdé l’affaire en organisant la manifestation contre l’exposition d’une photographie d’Andres Serrano, Piss Christ. Avec l’abbé Régis de Cacqueray, le chef en France de la Fraternité Saint-Pie X, qui regroupe les catholiques «lefebvristes» (1) et de l’abbé Xavier Beauvais, curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, fief lefebvriste dans le Ve arrondissement de Paris, il forme un triumvirat de choc. Alain Escada orchestre les prières de rue devant les théâtres et les manifestations nationales à Paris. Après celle du 29 octobre, la deuxième a lieu ce dimanche après-midi pour défendre une «France chrétienne et qui doit le rester».
Visage poupin, Alain Escada présente bien. Le ton est courtois, l’allure policée, le phrasé un peu traînant. A la tête de l’institut Civitas, le bras armé politique de la Fraternité Saint-Pie X, le nouveau chantre de la France catholique est… belge. Enfin, presque. Alain Escada, jeune quadragénaire à la calvitie naissante, est le fils d’un immigré portugais et d’une mère «100% belge». A Bruxelles, il tient une petite bouquinerie de livres d’occasion, dans un quartier où il y a une forte présence turque. En vitrine, beaucoup de bandes dessinées. Ce vendredi, les clients ne s’y bousculent pas. Par correspondance, il propose aussi des ouvrages pieux.
Rodé, Alain Escada a l’art de l’esquive. «Rappelle-t-on toujours à Alain Madelin ou à Gérard Longuet leur passé politique ?» s’insurge-t-il lorsqu’on l’interroge sur ses liens avec l’extrême droite. Il avoue volontiers avoir été, «pendant quelques mois» en 1996, le porte-parole de Marguerite Bastien, députée d’extrême droite belge. Très jeune, il a milité dans les milieux nationalistes du royaume et a adhéré en 1997 au Front national (belge). En 1995, Alain Escada a créé un journal, Polémique, disparu en 2002. En 1997, il publiait un article au ton amical sur un ancien membre de la division SS Wallonie à l’occasion de sa mort. Deux ans plus tard, il présentait aussi en une Jean-Marie Le Pen.
Pour Manuel Abramowicz, rédacteur en chef du site Resistances.be qui milite contre l’extrême droite en Belgique, Alain Escada est une vieille connaissance. Ce dernier avait intenté, en 2005, un procès en diffamation contre Résistances, perdu en 2007. Le site avait publié un article qui qualifiait de «nid de fascistes», Belgique et Chrétienté, une autre association que préside Alain Escada. «Il n’a pas réellement trouvé sa place dans les milieux d’extrême droite en Belgique», estime Manuel Abramowicz à propos de l’agitateur catholique intégriste.
En 2009, Alain Escada a pris, en France, la tête de Civitas. Selon ses dires, il partage désormais son temps entre les deux pays et récuse tout lien politique depuis une dizaine d’années. Mais ses relations avec l’extrême droite perdurent. En 2007, il assistait à un meeting de Jean-Marie Le Pen. Conseiller régional du Front national en Rhône-Alpes, Charles Perrot participait, en octobre dernier, à une rencontre de Civitas. Alain Escada reconnaît volontiers qu’à la tête de ce mouvement, il fait du «lobbying politique». Les liens avec la Fraternité Saint-Pie X ? Il les minimise, parle «d’aumônerie spirituelle», répétant à l’envi que les manifestations de cet automne rassemblent plus largement que les troupes de catholiques intégristes.
Alain Escada est, lui, un fidèle assidu des messes lefebvristes, participe aux universités d’été de la Fraternité. A l’inverse, les abbés Cacqueray et Beauvais tiennent, eux, des conférences aux rencontres de Civitas. Au mégaphone, l’abbé Beauvais donnait le la des slogans lors du défilé du 29 octobre, clos par un discours et une prière (un Salve Regina chanté en latin) de l’abbé de Cacqueray. Curé de choc qui a fait son service militaire chez les paras, Beauvais est abrupt. «Quand les journalistes de Libération feront leur travail, je parlerai aux journalistes de Libération», lâche, rogue, le curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. La conversation s’est arrêtée là.
L’abbé n’oublie rien. Surtout pas ses ennemis. En l’occurrence, son ennemie, Simone Veil. Toujours armé de son mégaphone, Xavier Beauvais était à pied d’œuvre, en mars 2010, pour la réception de l’ancienne ministre à l’Académie française qu’il maudissait et invectivait à cause de la loi sur l’IVG. A Saint-Nicolas-du-Chardonnet, il célèbre des messes à la mémoire du général Franco et du fondateur de la Phalange, Primo de Rivera. Avec l’abbé de Cacqueray et des fidèles, il était en pèlerinage, en septembre 2007, sur la tombe du maréchal Pétain à l’île d’Yeu.
Cet automne, la bataille contre les pièces de Roberto Castellucci et Rodrigo Garcia signe la sortie du bois politico-religieuse des lefebvristes, la résurgence publique de la vieille mouvance «nationale-catholique», singularité française née au XIXe siècle, alimentée par la haine de la Révolution et le maurrassisme, active pendant la guerre auprès de Pétain. «L’histoire aurait pu s’arrêter là, souligne le politologue et historien, Philippe Portier, directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études. Cette mouvance ressurgit lors de la décolonisation, pendant les guerres d’Indochine et d’Algérie». Plus tard, les lefebvristes ont repris le flambeau. La stratégie actuelle de Civitas apparaît payante. En s’en prenant à des œuvres culturelles, les lefebvristes ont créé le buzz, gagné en visibilité et pris leur autonomie au sein de l’extrême droite. Depuis deux ans déjà, Civitas organisait son propre défilé en hommage à Jeanne d’Arc, une semaine après celui du Front national. Succédant à son père, Marine Le Pen (les lefebvristes se rangeaient plutôt derrière Bruno Gollnisch) brandit désormais l’étendard de la laïcité pour dénoncer l’islamisation de la France. Une France laïque ? Une abomination pour ceux qui rêvent au retour d’une sorte de chrétienté théocratique. «Ni laïque ni islamiste, une France catholique», revendique, tel un programme, Civitas.
Combattre la présence musulmane est aussi l’un de ses objectifs. Dans une conférence donnée en novembre 2009, Alain Escada agitait les peurs et prédisait qu’à l’horizon d’une quinzaine d’années, Bruxelles et Paris seraient à majorité musulmane avec, dans la foulée, l’instauration de la charia. Le patron de Civitas et les deux abbés ne cachent plus leurs intentions politiques. Dans leur ligne de mire : les élections municipales de 2014. «Nous ne présenterons pas de listes sous l’étiquette Civitas, précise Alain Escada. Mais nous encourageons les catholiques à être candidats.» Plutôt dans les petites communes, là où les étiquettes politiques importent peu. La stratégie d’entrisme est clairement revendiquée. Pour mobiliser, Civitas a créé le «réseau Saint-Martin» et déjà organisé une réunion à Lambersart, près de Lille.
En 2012 ? «Nous n’appellerons pas à voter pour un quelconque candidat», poursuit le patron de Civitas. Pas plus à la présidentielle qu’aux législatives. «Nous sommes malheureusement des orphelins politiques», lâche Alain Escada. Embarrassé, il reste silencieux lorsqu’on lui demande s’il est républicain. Mais cette affaire-là est aussi une très grosse écharde dans le pied du catholicisme français. C’est dans l’Hexagone que les troupes lefebvristes sont les plus fournies (environ 100 000 fidèles). Elles peuvent aussi s’appuyer sur un réseau d’une vingtaine d’écoles. Active et bruyante, cette minorité pèse et veut peser.
Généralement discrets sur leurs divergences internes, les évêques n’ont pas pu masquer leur désaccord à l’occasion des manifestations de Civitas. Parmi ceux qui les ont condamnées : le cardinal-archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, André Vingt-Trois, ou encore l’archevêque de Rennes, Pierre d’Ornellas. En revanche, Civitas a reçu le soutien de l’évêque de Vannes, Raymond Centène. Dans l’épiscopat français, une dizaine de prélats ont des sympathies pour les catholiques lefebvristes, encore en marge mais peut-être plus pour longtemps. A Rome, Benoît XVI a entamé, il y a deux ans, les négociations pour que la Fraternité Saint-Pie X réintègre le giron de l’Eglise. En septembre, une feuille de route lui a été proposée en vue d’un accord officiel. Pour le moment, les débats sont vifs chez les lefebvristes pour savoir s’il faut accepter ou non.
En France, les deux abbés Régis de Cacqueray et Xavier Beauvais incarnent une aile radicale, intransigeante. Prudent, Alain Escada, lui, ne veut pas prendre position au sujet de ces négociations avec Rome, se retranchant derrière la distinction qu’il martèle entre Civitas et la Fraternité Saint-Pie X. «Le moment est favorable pour que les lefebvristes se fassent entendre, appuie le politologue Philippe Portier. Ils ont la volonté de montrer qu’ils sont le fer de lance de la défense de la chrétienté. Rome est obsédée par les mêmes chantiers.»
Les milieux ecclésiastiques français font preuve d’un certain agacement devant l’obstination de Benoît XVI à vouloir réintégrer les lefebvristes, minoritaires au milieu du milliard de catholiques sur la planète. Depuis toujours, la Fraternité Saint-Pie X critique violemment les évêques français qui ne partagent pas ses options. De leur côté, ces derniers ont toujours peiné à faire comprendre au Vatican les vieilles accointances des milieux lefebvristes français avec l’extrême droite.
A Civitas, Alain Escada fait le pari d’élargir sa base. «Les journalistes passent à côté de la réalité des manifestations s’ils ne voient pas la grande mobilisation des jeunes», martèle-t-il. Pour éviter que les jeunes catholiques n’aillent rejoindre justement les troupes de Civitas devant le théâtre du Rond-Point où se joue Golgota Picnic, l’archevêque de Paris a organisé, jeudi soir, une veillée de prières à Notre-Dame. Goguenard, Alain Escada souriait déjà de cette contre-attaque.